Dans le cadre de la Licence Professionnelle Oenotourisme et Projet Culturel de Nîmes, les étudiants ont eu la chance de comprendre et de manier le « story telling ». Le story telling, c’est une façon de transmettre un message de façon ludique, dramatique ou, pourquoi pas, romanesque en racontant ou plutôt en contant des histoires. Deux versions d’un même événement vous feront vivre en quelques lignes une journée de la vie d’un étudiant en Oenotourisme. Petite leçon de story telling appliquée à la sortie des étudiants au Château La Coste, en Provence.
Version 1
« Par un magnifique matin d’automne, de jeunes aventuriers du tourisme et du vin se retrouvèrent à la croisée des chemins pour partir à la découverte d’un Château en Provence. Le soleil brillait, le ciel était bleu, ils se saluèrent, montèrent guillerets dans le carrosse qui les mèneraient à bon port et tous commencèrent à rêver aux trésors qu’ils y découvriraient: paysages de vignes merveilleux, monuments anciens, modernes ou majestueux, mais surtout: doux breuvage voire nectar des Dieux.
Après avoir parcouru une centaine de milles sur des petites routes sinueuses à travers des forêts de pins, les aventuriers touchèrent à leur but. Le château se dressait enfin devant eux.
Un riche Irlandais en avait fait la conquête quelques années auparavant et avait apporté de sa nordique contrée sa passion du vin et de l’art. Il avait invité des maîtres du monde entier à venir enchanter son extraordinaire jardin de leur créativité. Après que ses gens de maison eurent aimablement accueilli nos aventuriers, ils les emmenèrent à la découverte de la propriété. Ils leur firent visiter des caves magiques aux odeurs enivrantes dans lesquelles le nectar était créé. De la récolte des baies sucrées à la mise en bouteille du breuvage finement élevé, tout leur fut conté. Enfin ils purent, euphoriques, porter à leur bouche des coupes de verre qui en contenaient une petite quantité.
Afin de se remettre de leur long périple et de cette matinée, les aventuriers du tourisme et du vin furent invités à faire bonne chère aux abords du jardin, sous le Pavillon de Musique construit par le célèbre Franck Gehry. Ils se délectèrent de mets succulents et goutèrent encore au nectar que le plus âgé d’entre eux avait décidé de leur offrir.
Puis ils décidèrent de s’engouffrer dans les méandres du jardin encore inexploré. Ils suivirent les chemins qui s’y dessinaient et se laissèrent charmer par une errance flâneuse qui était sans cesse interrompue par l’irruption renouvelée d’une œuvre de maître toujours plus inattendue et surprenante que la précédente. Ils passèrent des portes gigantesques, découvrirent des grottes et des chapelles, firent tomber des barrières, rencontrèrent des araignées géantes, parlèrent du passé, du présent et de l’avenir.
Mais le temps passait. La nuit allait tomber. Et nos aventuriers durent reprendre la route et retourner d’où ils étaient venus. Ils remontèrent guillerets dans le carrosse qui les mèneraient à bon port et tous se mirent à songer aux trésors qu’ils avaient découverts et aux histoires fabuleuses qu’ils pourraient conter à leur retour. »
Version 2
« Réveil 6h30. C’est dur. On a rendez-vous à 8h avec les autres. On monte dans le bus et il y en a qui finissent leur nuit. On fait 150 kilomètres pour aller visiter un domaine du nom de « Château La Coste ». Sauf qu’il n’y a pas de château sur ce domaine. Une sommelière qui fait office de guide nous montre l’érafloir, le pressoir, la cave, le chais. Ça sent fort la dedans. Une odeur de raisins fermentés. Puis on déguste les vins. ‘Sont pas mauvais. Vers 12h30, on pique-nique sur l’herbe à côté d’un espèce de préau qui s’appelle le « Pavillon de Musique ». Un certain Franck G-quelque-chose l’a construit en Grande-Bretagne. Mais le riche Irlandais amateur d’art qui a acheté le domaine l’a fait rapatrier pour le mettre là. Sur un domaine viticole. Le rapport? Oh! C’est de l’art, hein!
Le prof est sympa, il a acheté une bouteille. On boit un peu de vin. Mais très peu: on est quand même là pour travailler! Puis on fait le circuit dans le jardin. Il n’y a aucun panneau. On sait pas où on va. Et puis tout à coup, entre un arbre et un buisson, il y a un espèce d’immense menhir jaune pétard. Ou alors une croix de boules rouges. Plus loin un faux chat enfermé dans une barrique. Marche et que tu remarches et que ça monte et que ça descend. On rentre dans une espèce de grotte, on s’assoit dans une chapelle, on se regarde tout déformé dans une espèce de soucoupe volante. Ce sont des œuvres d’art. Le rapport avec le vin et la vigne? Oh! C’est de l’art, hein, ‘faut pas chercher! Mais il y en a sûrement un. Juste que les explications qu’on trouve nous-même sont peut-être un peu tirées par les cheveux. On boit un petit café. Et on repart. On n’a pas tout compris, mais quand même, c’est sympa de mêler l’art et le vin. Il y en a qui commencent leur nuit dans le bus. Arrivée 19h30. Bon ben c’était une bonne journée, mais maintenant, ‘va falloir avancer sur le devoir de tourisme! »
La vérité est…
Deux versions bien différentes d’un même épisode, donc… Et la vérité dans tout ça? Certains diront qu’elle est ailleurs. Mais le plus vraisemblable, c’est qu’elle se trouve entre les deux! Si vous souhaitez en avoir le cœur net, rendez-vous à votre tour au Château La Coste et vivez votre propre histoire! Et oui, le story telling, c’est ça!
F. Olivieri